France vs Japon // Le pays du soleil levant est-il vraiment meilleur ?
En mai dernier, Stéphane, le directeur de l’agence Bienveia a eu l’occasion de partir pour le Japon et sa vaste mégalopole de Tokyo autour d’un voyage d’étude organisé par la FEDESAP et Dialog HEALTH après avoir suivi une formation HEC Paris afin de savoir si la France avait vraiment un retard dans le domaine de l’aide à domicile pour les personnes âgées.
Avant toute chose, il est important de rappeler que Tokyo représente à elle seule, 30% de la population japonaise (125M de Japonais). Tokyo est une vaste mégalopole à mi-chemin entre tradition ancestrale et futur technologique. Une ville dynamique où énormément de personnes âgées vivent avec leur famille (la vie en institution n’étant pas la norme japonaise).
Il est important également de rappeler que les personnes de plus de 65 ans représentent aujourd’hui ¼ de la population japonaise. Sur la seule année 2022 le pays a perdu plus de 800.000 personnes, remettant en question toutes ses idéologies actuelles afin de relancer la croissance démographique.
LE KAÏGO
Au japon le système de soin est connu sous le nom de “kaïgo”.
C’est un système de soins géré par l’Etat et financé par l’assurance sociale et les impôts. Et depuis 2000, il existe au Japon une assurance dépendance obligatoire dont l’objectif est de soutenir l’autonomie des personnes dépendantes
Le fonctionnement est assez simple : un médecin agréé détermine les besoins de la personne et de cette évaluation découle tout un plan d’aide qui sera coordonné par un “care manager” (coordinateur de soin) rattaché à un service ou libéral.
Les prestataires sont directement choisis par la collectivité locale et l’assureur, toute la gestion est décentralisée. Dans la majorité des cas, les collectivités font appel aux organismes du secteur privé et associatif.
Comme beaucoup de choses au Japon, les aides complémentaires sont différentes selon la collectivité. Elles peuvent inclure les services suivants :
Repas livrés à domicile ou sur place dans un centre
Tickets gratuits aux bains publics pour les + de 70 ans
Séances d'acupuncture et de massage
Distribution gratuite de couches jetables
Services de recherche de personnes âgées égarées
Aides pour réaménager leurs logements
Taxis adaptés aux fauteuils roulants
Prêt de fauteuils roulants
L’EMPLOI DANS LE SECTEUR
Le gouvernement voit dans le secteur l’une des sources principales de création d’emplois du pays (pour ne pas dire LA PLUS IMPORTANTE)
Actuellement, l'offre de travail est insuffisante. La main-d'œuvre est disponible en faible quantité pour des emplois faiblement rémunérés et “peu qualifiés”. La population japonaise ayant un très haut niveau de qualification.
Pour combler ce manque, les nouvelles technologies jouent un rôle important, offrant des solutions innovantes pour améliorer la qualité des services et faciliter les usagers. La robotique est bien évidemment très importante avec la mobilité, la surveillance, la communication et surtout l’aide au bain qui est une institution historique au japon. (Par chez nous, nous nommons cela la domotique)
FINALEMENT, QUI EST CHAMPION ?
Au risque de vous décevoir, le Japon n’est pas encore au point par rapport à nous. Certes la robotique est une aide non négligeable, mais elle peine à se déployer pour le moment.
Rien qu’à Tokyo, seulement 3000 SAAD sont présentes pour une mégalopole de plus de 30M d’habitants. Beaucoup d’entre elles sont en retard sur l’utilisation des outils numériques. Nous pouvons critiquer nos administrations françaises et leurs sites internet hasardeux, mais le japon est encore à la bonne vieille école du papier pour le moment.
La ville de Tokyo est actuellement en train de mener une enquête pour identifier les freins à l’utilisation des nouvelles technologies dans les SAAD.
Le recours à l’immigration ne semble pas une option retenue à ce jour (le japon étant traditionnellement très refermé sur lui-même). Toutefois, le gouvernement envisagerait désormais de revoir ces restrictions pour les soignants ayant étudié à l’étranger.
Au final, sans être chauvin, nous pouvons affirmer que les acteurs Français du secteur (privé, institutionnel comme associatif) peuvent être fiers de leur expertise et de leur dévotion sur le terrain. Toutes nos actions préventives, sanitaires et technologiques n’ont rien à envier aux Japonais.
Ne crions pas victoire trop vite cependant, le japon est dans une phase de modification de son système et il ne serait pas surprenant de les voir précurseurs de l’innovation du secteur d’ici 10-15 ans grâce à leur avance technologique.
Dernière chose, il est important de rappeler que rien ne remplacera l’être humain qui est l’essence même de notre métier.